EUROPE/La montée de l’euroscepticisme en France

Qu’est-ce que l’Euroscepticisme

Par le terme euroscepticisme on indique une opposition à l’intégration européenne et à l’Union Européenne basée notamment sur un doute quant à sa viabilité ou son utilité. Les eurosceptiques ne constituent pas un bloc homogène mais comprennent « plusieurs mouvements d’opposition à la construction européenne » (on peut parler également d’europhobie ou d’anti européanisme).

Le mot euroscepticisme est issu du néologisme britannique euroscepticism, désignant ceux opposés à la construction européenne au sein du Parti Conservateur (Conservative Party). Aleks Szczerbiak et Paul A. Taggart, auteurs du livre Opposing Europe ? : The Comparative Party Politics of Euroscepticism : Volume 1: Case Studies and Country Surveys, ont distingué hard euroscepticism et soft euroscepticism.

Pour eux, la notion de hard euroscepticism est définie comme « un principe d’opposition à l’Union européenne et à l’intégration européenne visible dans les partis qui considèrent que leurs pays devraient se retirer de l’Union, ou dont les politiques envers l’UE équivalent à être opposé à l’ensemble du projet d’intégration européenne telle que conçu actuellement ». La notion peut se traduire par l’expression « euroscepticisme dur » et inclure des éléments tels que l ‘ « europhobie » ou la « xénophobie ».

La notion de soft euroscepticism est, quant à elle, définie comme « un principe qui ne s’oppose pas à l’intégration européenne ou à l’adhésion à l’Union européenne mais dans lequel les doutes liés à certaines politiques conduisent à l’expression d’une opposition nuancée à l’Union, ou dans lequel l ‘ « intérêt national » est ressenti comme étant pour le moment en désaccord avec la trajectoire de l’Union ». On peut la traduire par l’expression « euroscepticisme modéré ».

Les Français de plus en plus eurosceptiques

En juin 2016, à deux semaines du referendum britannique sur une sortie de l’UE, le Pew Research Center américain a conduit une étude en s’intéressant au sentiment antieuropéen parmi dix Pays membres: France, Allemagne, Royaume-Uni, Suède, Grèce, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne et Espagne.

Selon la recherche, seuls 38% des Français ont un avis positif sur l’UE, ce qui place la France en deuxième position des pays les plus eurosceptiques (la Grèce occupe la première position). En un an, le taux de confiance des Français a baissé de 17 points et, depuis 2004, le nombre de ceux qui le soutenaient est passé de 69% à 38%. Un signe qui ne peut pas être ignoré et qui révèle une tendance croissante d’euroscepticisme.

Peut-on parler de frexit ?

L’Europe est contestée en France par une dizaine de listes (gauche radicale, droite nationaliste et extrême droite), qui dénoncent la mauvaise gestion du phénomène immigration, dont la faute serait à attribuer à Bruxelles, le système capitaliste et une perte de souveraineté du peuple français. En s’appuyant sur leur programme et sur leurs déclarations publiques, on remarque qu’elles présentent des critiques et des solutions divergentes.

Un affaiblissement de l’europhobie

Parmi les listes qui on fait un pas en arrière par rapport à la volonté de sortir de l’UE on trouve La France Insoumise (LFI). Lors des élections présidentielles de 2017,  son leader Jean-Luc Mélenchon avait répondu à la « lettre aux européens »  d’Emmanuel Macron par un texte intitulé « Sortez des traités européens, stupides! ». Il cherche ainsi d’y résumer le programme de son mouvement.  Cette pensée prévoit deux plans: le Plan A et le Plan B.

Le Plan A se constitue de la « sortie concertée des traités européens » et des « négociations d’autres règles ». Par contre, en cas d’échec de cette première proposition, le Plan B demande la « sortie des traités européens unilatérale par la France ».  Tout cela a ensuite été résumé en une formule assez choquante : « L’UE, on la change ou on la quitte ».  Selon le LFI alors, il serait nécessaire de changer l’UE de l’intérieur.

Marine Le Pen (Rassemblement National) , de son côté, avait proposé un programme dont le 70% environ de contenu n’était pas applicable sans sortir de l’euro. Néanmoins, deux ans plus tard (2019) elle ne parle plus de Frexit ni d’abandon de l’euro car «les Français ont montré qu’ils restent attachés à la monnaie unique».

Une sortie de l’UE est exclue aussi par les communistes de Ian Brossat qui, tout en se déclarant opposés aux traités de Maastricht (1992) et Lisbonne (2007), affirment que la sortie de l’UE ne serait pas une solution au capitalisme.

Les partisans d’une possible Frexit

Contrairement aux listes précédentes, en France il y a des partis qui gardent une position favorable à la sortie de l’UE.

Les Patriotes de Florian Philippot ont fait du Frexit leur mantra. Philippot estime qu’il n’est pas possible de changer l’Union Européenne de l’intérieur.

De la même opinion est le président de l’UPR (Union Populaire Républicaine), apprécié par les gilets jaunes, et qui fait appel à une triple sortie : de l’UE, de l’euro et de l’OTAN. Selon le leader François Asselineau, la France serait soumise à une tutelle juridique, monétaire et géopolitique qui « l’empêche de mener une politique indépendante qui serve les intérêts du peuple français ». Comme l’UPR, aussi Dissidence française (ultra droite)  prône pour cette triple sortie.

Quelles mesures adopter alors?

En conclusion, s’il est vrai que les Français n’ont pas un problème avec l’UE mais avec ses traités, il est aussi vrai qu’il est impossible d’en sortir sans sortir au même temps de l’Union et de l’euro.

Il semble n’y avoir d’autres alternatives, vu qu’il n’y a pas des clauses d’expulsion dans les traités et que ne pas les respecter placerait la France dans une situation de désobéissance.

La situation reste délicate et compliquée.. il nous reste qu’attendre des évolutions!

 

 

 

EUROPE/La montée de l’euroscepticisme en France

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